Plan d’action pour l’Egalité de Genre (PEG)
Auteur : Taoufik LADHARI, Maîtres de conférences à l’ENIM
Introduction
La Tunisie a toujours été considérée comme l’un des pays arabes les plus avancés en termes de droits des femmes grâce à un code de la famille promulgué en 1956, suivi de l’amendement des codes du travail, du code pénal, de la nationalité, etc. qui ont renforcé les droits de la femme en Tunisie. Il s’agit de l’une des premières législations progressistes dans la région en matière de droits des femmes et d’égalité entre hommes et femmes dans les relations familiales et matrimoniales.
Depuis, le statut de la femme tunisienne a connu des avancées significatives en termes d’égalité des genres, essentiellement après la révolution. La constitution tunisienne garantit explicitement l’égalité entre hommes et femmes devant la loi, ainsi que l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes.
Sur le plan juridico-législatif, il est à relever que la Tunisie a ratifié, en 1985, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes (CEDAW). Par exemples, la loi relative à l'élimination de la violence à l'égard des femmes adoptée en 2017 (Loi organique n° 58-2017), criminalise les différentes formes de violence à l’encontre des femmes et prévoit des mesures de protection et de soutien aux victimes. La nouvelle Constitution tunisienne (Janvier 2014), montre des signes positifs en termes de défense des droits des femmes, avec deux articles en particulier (articles 21 et 46) qui statuent sur la discrimination, l’égalité des chances dans les postes de responsabilité et la violence fondée sur le genre. Un défi majeur sera la traduction des principes constitutionnels par des lois nationales allant de pair avec le texte de la Constitution
En ce qui concerne l’éducation, les femmes tunisiennes bénéficient d’un accès à l’enseignement primaire, secondaire et universitaire égal à celui des hommes. Les données administratives révèlent un taux net de scolarisation du primaire ajusté13 de 98,5%, soit 98,8% pour les filles et 98,3% pour les garçons. Au niveau du collège, le taux net de scolarisation ajusté est de 90,0%, soit 90,2% pour les filles et 89,7% pour les garçons. Les données du MICS4 indiquent qu’à la différence du primaire, les variables de contexte et de région jouent de façon significative dans l’accès au collège, au lycée et au supérieur. On enregistre ainsi une différence de 21,4% entre le milieu rural (59,3%) et le milieu urbain (80,7%) et une différence de 26% entre Kasserine (55,1%) et le District de Tunis (80,9%). La variable du genre joue également de façon plus significative que dans le primaire puisqu’on enregistre une différence de 10% entre les filles et les garçons dans le taux de fréquentation de l’école secondaire (collège et lycée) : le taux net de scolarisation est de 72,9%, avec 76,6% pour les filles et 69,2% pour les garçons .
Les taux de scolarisation des filles à l’école primaire et secondaire dépassent les 90% et le nombre de filles à l’université est de plus en plus important. D’après les statistiques du ministère de l’enseignement supérieur, le nombre d’étudiants du genre femme dépasse pour l’année universitaire 2021-2022 les 169 000 étudiantes, ce qui représente 66% de la population totale des étudiants. La présence des femmes est importante dans toutes les disciplines à l’université, même les études d’ingénieurs et les filières scientifiques et technologiques.
Malgré ces progrès, le Profil Genre Tunisie, élaboré en 2021, confirme que des défis subsistent encore. Il s’agit essentiellement d’inégalités dans certains domaines, tels que l'accès à l'emploi, les salaires et les postes de responsabilité. La violence à l'égard des femmes demeure également une préoccupation, bien que des mesures aient été prises pour y remédier.
Au niveau de l’université, les statistiques montrent que la femme occupe une place importante, que ce soit au niveau du nombre d’étudiants et de diplômés, ou d’enseignants et de personnel. Cependant, le constat majeur est que le nombre de femmes occupant des postes de responsabilité reste limité, bien que les règlements de la fonction publique garantissent en théorie l’égalité des chances entre hommes et femmes. Des disparités sont aussi observées en ce qui concerne l’évolution de carrière, ce qui peut être expliqué par les responsabilités personnelles et familiales assumées la plupart du temps par les femmes.
Le présent plan (PEG) de l’Ecole Nationale d’Ingénieurs de Monastir (ENIM), que nous présentons dans ce document, vise à garantir l’égalité des chances pour tous les occupants de la vie universitaire de notre institution, à renforcer la pleine participation de chacun à la vie et aux activités de l’école, et à concrétiser l’engagement de l’école en faveur de l’égalité professionnelle entre hommes et femmes. Il vient traduire l’engagement officiel de la direction de l’école à maintenir et renforcer sa stratégie de promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes au sein de l’école.
Ce plan d’action vise aussi bien les étudiants, que le personnel administratif et enseignants avec toutes ses catégories, et s’articule autour des cinq axes recommandés par la commission européenne, à savoir :
- Equilibre entre vie professionnelle et vie privée
- Egalité de genre dans les fonctions universitaires
- Egalité entre hommes et femmes dans le recrutement et la progression de carrière
- Intégration de la dimension de genre dans le contenu de la recherche et de l'enseignement
- Mesures contre la violence fondée sur le sexe, y compris le harcèlement sexuel.
Ce plan est validé par la direction de l’école et il est publié sur le site officiel : www.enim.rnu.nn